Bonjour Jeanne, merci beaucoup d’avoir accepté l’interview !
Tu es autrice d’albums jeunesse mais aussi romans contemporains et d’imaginaire, entre autres…
Tu es également maman de deux enfants et avec ton conjoint vous avez fait des choix particuliers concernant l’accouchement, l’éveil et l’instruction de vos enfants, dont tu vas nous parler ici.
Je commence par un lien vers ton site internet, ainsi que ta boutique Amazon pour retrouver tous des ouvrages !
Ton parcours d’autrice
Sur ton site Internet, tu te décris comme autrice et exploratrice de l’écrit. Qu’est-ce que c’est, une exploratrice de l’écrit ?
En effet, j’aime bien me qualifier ainsi, car j’aime utiliser l’écrit de diverses manières et dans des formats variés : à travers des romans, des nouvelles, des albums jeunesse, des documentaires… J’aime aussi explorer différents types de narrations : à la première personne, à la troisième, au passé, au présent, plutôt poétique ou très « oral », etc.
Comment et quand as-tu commencé à écrire ?
Quand j’étais toute petite, j’ai voulu créer un magazine avec mes copains d’école. Je l’avais appelé LAMA pour « Les Animaux Mes Amis ». Adolescente, j’ai ensuite écrit dans un fanzine avant d’entamer l’écriture de mon premier roman de fantasy : « Balade avec les Astres », en 1999.
Tu as été orthophoniste, durant quelques années, qu’est ce que ça t’a apporté et pourquoi as-tu souhaité arrêter ?
J’ai pratiqué l’orthophonie pendant une dizaine d’années et j’ai beaucoup aimé tout ce que j’ai appris dans le cadre de ce métier. Pourtant, je ne me sentais pas à ma place dans la pratique : trop de pression, notamment de l’Éducation nationale, en ce qui concernait les rééducations des enfants et des adolescents dont les troubles induisaient des difficultés dans les apprentissages.
Mes études, mes formations et ma pratique m’ont cependant apporté une connaissance de l’être humain qui me sert au quotidien dans mon nouveau travail d’autrice et d’éditrice.
Tu es en autoédition, peux-tu nous expliquer que ça signifie ?
Pour la plupart de mes travaux, je suis effectivement en autoédition. Cela signifie que je suis comme Renaud : une maison d’édition à moi toute seule ! Je ne travaille pourtant pas en solo puisque j’ai une correctrice, des graphistes, des illustrateur·trice·s, des bêta-lectrice·eur·s, etc. Cela me permet une grande liberté dans mes choix éditoriaux, même si cela demande un énorme travail de tout coordonner.
Beaucoup de salons littéraires ont été supprimés avec la crise sanitaire, as-tu pu quand même aller à la rencontre de tes lecteurs en 2020, et pourras-tu en 2021 ?
En 2020, j’ai réussi à conserver quelques rares rencontres et ce sera identique cette année. Si tout se passe bien, le salon du livre de St Jame (50) sera maintenu et me permettra notamment de présenter le premier ouvrage de ma collection Platypus : un BD réalisée par Chloé Harrand.
Tes ouvrages
Tu as publié plusieurs ouvrages pour différents publics.
Pour adultes, des romans fantasy et romans contemporains.
Pour enfants des albums jeunesse et romans « premières lectures »… Comment arrives-tu à jongler avec les différents styles ?
C’est vraiment ce qui me plaît le plus dans l’écriture : me lancer des défis et tester des approches différentes. Cela me stimule et m’enthousiasme au plus haut point.
Y a-t-il un type d’écrit que tu préfères réaliser ?
Je crois que j’aime vraiment tous les types de récits, sans préférence. Je m’amuse autant à décrire un nouveau monde qu’à imaginer les pensées d’une héroïne brute de décoffrage.
A la maison, nous avons -et ma fille adore- Le camion de Marion, Nicolas, le bébé Koala, Regards, l’arbre à chats, l’enlumineur des étoiles, Ethan et les animaux. J’aime beaucoup tes albums jeunesse, car chacun aborde un ou plusieurs thèmes et te permet de faire passer tes valeurs.
Quels thèmes as-tu déjà abordés dans tes albums ?
Avec mes albums, j’essaie humblement de lutter contre le racisme, le sexisme, le validisme, l’homophobie et le spécisme. Autant que possible, je tente de créer des scénarios où chacun et chacune a sa place en tant que norme. Je pense qu’une « différence » est acceptée lorsqu’elle n’est plus perçue comme hors norme et en créant des microcosmes où c’est le cas, j’espère aider les enfants à ne plus percevoir les différences comme anormales.
Ainsi, dans mes ouvrages, on peut par exemple croiser des enfants ou des adultes handicapés, des enfants avec deux papas ou deux mamans, etc. sans que le thème du livre ne soit spécifiquement le handicap ou l’homoparentalité.
Lequel de tes livres aimes-tu le plus ? De quelles publications te sens-tu le plus fière ?
C’est très difficile de répondre à cette question. J’ai un peu de tendresse pour chacun de mes ouvrages. « Balade avec les Astres » tient bien sûr un rôle particulier puisque c’est le tout premier. Je suis assez fière d’avoir écrit un roman de bout en bout alors que je n’avais que 15 ans. 🙂
J’ai vu sur ton site que tu proposais des box livres, peux tu nous en parler ?
Oui, c’est une idée qui me tient beaucoup à cœur. Il s’agit de box à (s’)offrir et qui contiennent au moins un livre accompagné d’autres surprises, dont pas mal de bricoles que je fabrique moi-même avec mes petites mains ! J’adore tout ce qui est DIY et j’aime préparer des cadeaux, alors je me régale avec ces box.
TA VIE FAMILIALE
Tu es maman de deux enfants.
Peux-tu nous dire un petit mot sur tes deux amours (prénoms si tu le souhaites, âges, et autres infos que tu veux bien rendre publique, anecdote 🙂 ….) ?
J’ai en effet deux enfants : Elven, 5 ans 1/2 et Aurore, 2 ans 1/2. Ce sont deux passionnés de livres et deux acrobates particulièrement speed qui occupent bien mes journées. ^^
Allaitement, portage, diversification, propreté… quels ont été vos choix par rapport aux premiers mois de vos enfants ?
Nous avons eu pas mal de choix un peu « à la marge » par rapport à notre entourage. Cela a commencé par l’accouchement accompagné à domicile puis le maternage proximal avec portage, hygiène naturelle infantile (HNI) et couches lavables, cododo… Nous avons également opté pour la motricité libre et la diversification semi-autonome. Il ne s’agissait pas de répondre à un « pack » d’une éducation précise, mais de rester en cohérence avec notre volonté d’une éducation non âgiste (du moins un minimum âgiste, nous avons nos biais !).
Ces choix ont-ils été bien acceptés par votre entourage ?
L’accouchement à la maison a suscité pas mal d’angoisses autour de nous, mais nous étions accompagnés à chaque fois par une sage-femme très professionnelle et je me sentais beaucoup plus en sécurité chez moi qu’à l’hôpital où j’avais vécu des violences gynécologiques lors d’une première grossesse.
Je pense que l’HNI a fait lever quelques sourcils, ainsi que le portage intensif de notre aîné qui ne supportait pas d’être posé. Pour autant, notre entourage s’est montré soutenant.
Avec le recul, aurais-tu souhaité modifier certaines choses ?
Aucune. Je pense que ces choix s’adaptaient parfaitement à notre famille et nos enfants en particulier.
L’IEF
Vous pratiquez l’IEF (Instruction En Famille), pour ceux qui ne connaissent pas, peux-tu nous en parler ?
L’école n’est en effet pas obligatoire, seule l’instruction l’est, de 3 à 16 ans. Il n’y a aucune obligation de suivre le programme de l’Éducation nationale. La seule obligation est de prodiguer une instruction, que les enfants progressent d’année en année et qu’ils acquièrent au minimum le Socle Commun de connaissances à 16 ans.
Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
Notre volonté est de suivre au plus près les besoins spécifiques de nos enfants et de les considérer individuellement, en restant guidés par leurs centres d’intérêts. Si l’école traditionnelle fait partie de leur projet, nous passerons par elle, mais pour le moment, ce n’est pas le cas. Il ne s’agit bien sûr pas de leur donner des responsabilités trop grandes pour leurs âges, mais de construire leur vie en prenant en compte leurs points de vue.
Comment se passe une journée-type pour les enfants ? Avez-vous un programme défini à l’avance ?
Nous n’avons pas de programme très défini, mais malgré tout une certaine routine.
En général, nous nous réveillons entre 8h30 et 9h30 et commençons par quelques lectures au lit avant de nous lever pour le petit-déjeuner. Les enfants ont souvent une heure de jeux libres à l’extérieur ou dans leur salle de jeux/motricité selon la météo, puis nous réalisons une activité un peu plus cadrée. Cela peut-être une session de labyrinthes (mon fils les adore), une activité plastique ou graphique, etc.
Après le repas du midi, nous réalisons en général une deuxième session « cadrée » : un jeu de société, un courrier pour un correspondant, une activité Pandacraft, etc.
Un jour sur deux environ, nous avons une sortie avec des copains et copines (ça peut être une visite, une balade, un après-midi jeux chez les uns ou les autres… beaucoup sont en IEF aussi, mais pas tous).
Pour le goûter, les enfants aiment bien regarder une émission sur notre grand écran (un dessin animé ou un « C’est pas sorcier », etc.).
Souvent, après le repas du soir, nous prenons le temps de partager un jeu de société avec leur papa.
J’aime beaucoup passer par les jeux de société, mais les apprentissages arrivent souvent au gré des activités quotidiennes des enfants : Elven va par exemple s’amuser à compter son stock de bonbons et prévoir un programme de grignotage très précis pour les jours à venir, calculant et résolvant des énigmes par la même occasion spontanément. Le moindre questionnement devient un prétexte pour une session plus ou moins longue d’apprentissages. C’est à la fois passionnant et épuisant, car il faut se montrer réactif et saisir la moindre opportunité.
La journée se termine par une ou plusieurs lectures dans le lit. Cela peut-être des albums jeunesse, un mini-roman, une BD ou un magazine (nous sommes abonnés à beaucoup de chouettes supports qui abordent de nombreux sujets et j’en parle souvent sur mon Instagram).
L’équilibre
Comment fais-tu pour combiner l’IEF et ton travail ?
Je dors peu ! ^
Et j’ai aussi la chance d’avoir une super assistante maternelle qui prend soin de mes enfants une journée par semaine.
Le week-end, c’est mon conjoint qui se balade avec eux pendant que je travaille.
Pour les tâches plus courtes, je prends quelques minutes dans la journée, pendant que les enfants sont occupés (le temps de créer un post sur les réseaux sociaux ou de répondre à un courriel, par exemple).
Rencontres-tu des difficultés au quotidien et as-tu des astuces pour y pallier ?
Les plus grosses difficultés viennent des personnes qui ne comprennent et n’acceptent pas nos choix éducatifs et pédagogiques. C’est notamment le cas de certains personnels de l’Éducation nationale, mais heureusement pas de tous ! Je n’ai malheureusement aucune astuce pour mieux gérer ces aspects qui sont toujours pour moi une source d’inquiétudes.
Les mots de la fin
Quels conseils donnerais tu à des parents qui attendent leur premier enfant ?
Je ne sais pas si je saurais leur donner de sages conseils. Chaque enfant est tellement différent et chaque famille aussi. Mis à part s’éduquer soi-même et respecter nos propres personnalités en même temps que celle de l’enfant à venir… je ne suis pas sûre qu’il existe de conseil miracle !
Jeanne Sélène