Vous êtes parent d’un enfant et vous vous posez des questions sur son développement ?
Vous avez des doutes et vous vous demandez si tout est normal ?
Entre le langage, la communication, la motricité, l’attention, le développement intellectuel… Nombreuses sont les questions ou les difficultés qui pourraient survenir sur ces sujets !
Et si on est bien d’accord pour dire que chaque enfant va à son rythme et qu’il ne faut pas mettre de pression… Il est tout de même important de pouvoir être en mesure de repérer lorsque quelque chose ne va pas.
En tant qu’orthophoniste en cabinet libéral, je rencontre chaque jour des enfants en difficulté dans leur développement. Et des parents ayant beaucoup de questions quant à leurs troubles et à leur évolution.
Dans cet article, je vais vous présenter les différents Troubles du Neuro-Développement existants. Je vous dirai comment les repérer et vers qui vous tourner afin d’agir au mieux pour aider votre enfant si vous soupçonnez l’un de ces troubles.
Une mise au point avant de commencer
Scoop : ce n’est pas à vous, parents, de repérer un TND.
C’est à votre médecin ou pédiatre ou médecin de PMI de le faire.
Vous, vous pouvez faire part à votre médecin de certains signes qui vous posent question (si c’est le cas) lors d’une visite de suivi.
En effet, de la naissance à 16 ans, chaque enfant bénéficie de 20 examens médicaux entièrement pris en charge par l’assurance maladie (sécurité sociale) sans avance de frais.
C’est donc pendant ces consultations que votre médecin doit s’entretenir avec vous pour pouvoir évaluer si tout se passe bien chez votre enfant ou si certains signes peuvent être inquiétants.
Si vous avez des doutes sur le développement de votre enfant, n’hésitez pas à prendre RDV pour l’une de ces visites (ou une autre visite « classique ») pour en parler à votre médecin traitant/pédiatre/médecin de PMI. S’il y a un problème particulier, il vous orientera vers les professionnels de santé adaptés.
Le but de cet article n’est pas de vous inquiéter ou de vous imposer de surveiller le développement de votre enfant.
Il est juste de répondre à vos questions sur ce sujet si vous vous en posez et que vous puissiez agir en cas de besoin.
Parce que parfois, tout ne se passe pas parfaitement bien… Et on n’a pas toujours les professionnels disponibles et formés pour répondre à nos questions rapidement.
Un TND, c’est quoi ?
TND signifie Trouble du Neuro-Développement.
Chaque année en France, près d’un enfant sur 10 naît avec un TND (soit ensuite 2 à 3 enfants par classe à l’école, selon les effectifs).
Un Trouble du Neuro Développement, c’est un trouble qui empêche le bon développement du cerveau pour une ou plusieurs compétences précises : motricité, langage, interactions sociales, développement intellectuel, attention, lecture, orthographe, calcul…
Il existe plusieurs types de TND, dont les principaux :
- Le trouble du développement intellectuel ou déficience intellectuelle.
- Les troubles du langage et de la communication, notamment le TDL : Trouble Développemental du Langage (anciennement appelé dysphasie).
- Les troubles moteurs, notamment le TDC : Trouble Développemental de la Coordination (anciennement appelé dyspraxie).
- Le TSA : Trouble du Spectre de l’Autisme.
- Les troubles spécifiques des apprentissages ou « troubles dys » : dyslexie (trouble de l’acquisition de la lecture), dysorthographie (trouble de l’acquisition de l’orthographe), qu’on appelle aussi aujourd’hui TSLE : Trouble Spécifiques du Langage Ecrit ; ou encore dyscalculie (trouble de l’acquisition des nombres et du calcul).
- Le TDA/H : Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité
- Les autres TND spécifiés (ex : TND associé à une exposition prénatale à l’alcool) ou non spécifiés.
Les TND ne sont pas causés par l’environnement de l’enfant
Il est important de souligner que les TND ne viennent pas de l’environnement dans lequel grandit l’enfant. C’est à dire qu’ils ne sont pas provoqués par une carence éducative, ou une façon de faire des adultes avec les enfants.
En d’autres termes, vous, parents ou les adultes qui s’occupent de votre enfant ne sont pas responsables du trouble de l’enfant.
Oubliez donc les :
- « il a un trouble développemental du langage parce qu’il n’a pas été allaité / parce que les adultes portaient le masque quand il était à la crèche »
- « il a des troubles du spectre autistique parce que sa maman a fait une dépression post-partum »
- « il a un trouble de la coordination motrice parce qu’il n’a pas été porté en écharpe de portage / a été trop souvent dans le cosy »
- « il est dyslexique parce qu’il a appris à lire avec la méthode globale »
- « il est TDAH parce qu’il fait trop d’écrans »...
Ce ne sont que des exemples… Mais TOUT EST FAUX.
Même si trop d’écrans peuvent provoquer certains symptômes pouvant s’apparenter à un TDAH, ce sont deux choses différentes !
Ou encore, même si une mauvaise méthode de lecture peut donner plus de difficultés à certains enfants à entrer dans le décodage, il ne s’agit pas de dyslexie (mais une dyslexie peut être présente et majorer les symptômes).
Corrélation n’est pas causalité !
Les professionnels de santé doivent justement faire un diagnostic différentiel, c’est-à-dire éliminer tous les facteurs pouvant causer les difficultés, afin de déterminer si le trouble reste présent malgré l’adaptation de l’environnement et les soutiens apportés.
Le TND affecte le développement du cerveau de l’enfant pour certaines acquisitions. Il est déjà présent dès la naissance, mais ne se remarquera que quand l’enfant tentera de développer la compétence affectée.
Par exemple, si le trouble touche le développement du langage, il se remarquera généralement entre 2 et 4 ans ; alors que s’il concerne le développement du décodage (lecture), il ne se remarquera qu’après 6 ans (et parfois bien plus tard pour certains, qui ne sont diagnostiqués qu’au collège).
Toutefois, petite précision : un TND peut être héréditaire.
Tout comme vous pouvez transmettre à votre enfant vos beaux cheveux bouclés blonds ou votre myopie qui vous pourrit la vie… Si vous avez une dyslexie, vous avez des risques de la transmettre à votre enfant.
Comment repérer un TND ?
Encore une fois, c’est normalement le rôle du médecin / pédiatre qui assure le suivi de votre enfant de vous poser les questions adaptées lors des consultations pour faciliter le repérage de certaines difficultés particulières.
Toutefois, vous, parents, êtes au quotidien avec votre enfant et pouvez parfois repérer des signes qui vous questionnent.
De même, les professionnels de la petite enfance ont un rôle essentiel dans le repérage d’enfant qui présenteraient des difficultés.
C’est pour ça que le Gouvernement a publié un livret de repérage : « Parents et professionnels de la petite enfance, soyons attentifs ensemble au développement de votre enfant ».
Ce livret contient 5 grilles d’observation par âge : 6, 12, 18, 24 et 36 mois.
Pour chaque âge, une liste de compétences ou comportements généralement attendus, avec pour observations : « maman et papa m’ont vu·e le faire » et « les professionnel·les m’ont vu·e le faire ».
Parents et professionnels, répondez ensemble à ces questions en discutant de ce que vous avez pu observer de votre enfant à la maison et lors des temps d’accueil. Quand vous avez terminé, il ne faut pas additionner les réponses ou chercher à calculer un score. Ce livret ne permet pas d’établir un diagnostic. Il doit aider à mieux repérer les difficultés et à adresser l’enfant vers le professionnel compétent. Par ailleurs, chaque enfant évolue à son rythme et les observations, à suivre, ne doivent pas faire l’objet d’interprétation sans un examen médical complet.
Livret de repérage « Parents et professionnels de la petite enfance ».
Pourquoi repérer et orienter le plus tôt possible ?
Parce que le cerveau du jeune enfant, en pleine évolution, est capable de s’adapter et de se réorganiser pour contourner certaines difficultés.
Bien accompagné par les professionnels de santé adaptés, l’enfant qui présente un TND pourra être stimulé pour développer des moyens de compensation.
L’accompagnement d’un enfant avec TND vise deux objectifs principaux :
Le premier est que l’enfant puisse compenser ses difficultés.
Par exemple : l’aider à bien développer son langage, sa motricité, son décodage, son orthographe… par toutes les techniques proposées par les professionnels de santé (orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien·ne…)
Le second objectif est que les personnes et l’environnement de l’enfant puissent s’adapter pour lui permettre de vivre du mieux possible son quotidien et ses apprentissages.
Par exemple : s’adapter au quotidien selon les troubles, proposer des aides à l’école, éventuellement orienter l’enfant dans des institutions spécialisées…
Plus les troubles de l’enfant sont repérés tôt et plus vite on peut agir pour l’aider à compenser, pour informer son entourage et pour adapter son environnement.
Qui peut vous aider ?
Le professionnel indispensable dans votre parcours est votre médecin traitant ou pédiatre.
Il répondra à vos interrogations et saura vous orienter en cas de doute.
En premier lieu, il pourra être nécessaire de faire des examens médicaux complémentaires avec des spécialistes. Les plus courants sont ORL pour s’assurer que l’enfant entend bien, et ophtalmologue pour sa vision, mais il peut y en avoir d’autres , pédopsychiatre, neuropédiatre…
Puis ce sera selon les problèmes observés.
Votre médecin pourra vous orienter vers un ou plusieurs professionnel·les de santé paramédicaux selon le besoin (orthophoniste, kiné, ergothérapeute, psychomotricien·ne, orthoptiste…) ou vers un centre (CMP, hôpital de jour, CAMSP, etc.)
Le médecin peut également orienter l’enfant vers la PCO : Plateforme de Coordination et d’Orientation.
Toutes les infos et la carte des PCO en France ici : Repérage et prise en soins des troubles du neuro-développement grâce aux Plateformes de Coordination et d’Orientation (PCO) | Santé.fr (sante.fr)
Le diagnostic est posé par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels de santé, selon les difficultés de l’enfant.
Chaque enfant et chaque trouble est différent.
Tout sera donc à adapter selon les situations.
Et après le diagnostic ?
La pose d’un diagnostic de TND peut prendre du temps (quelques mois à quelques années).
Lorsqu’un diagnostic est posé, votre enfant pourra continuer à bénéficier des suivis thérapeutiques en cours avec les divers professionnel·les de santé.
Il pourra également bénéficier d’adaptations scolaires, avec éventuellement la présence d’une AESH : Accompagnant·e des Elèves en Situation de Handicap (anciennement appelé·e AVS). C’est l’enseignant·e référent·e de votre secteur avec le médecin scolaire qui s’en chargent.
Si nécessaire, il sera orienté dans des filières scolaires spécialisées au sein des écoles primaires, par exemple ULIS Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire, en école élémentaire ou SEGPA Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté au collège.
Et en cas de besoin, votre enfant pourra être orienté en établissement spécialisé comme un IME Institut Médico-Educatif, un EREA Etablissement Régional d’Enseignement Adapté, un ITEP Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique…
Quoiqu’il arrive, les démarches sont longues, et ces orientations peuvent prendre plusieurs années.
Mais rassurez-vous, généralement, lorsque les adaptations sont mises en places et les éventuelles orientations effectuées, la pression scolaire diminue car l’enfant est soulagé de plusieurs contraintes.
Pour aller plus loin / sources :
Vous avez encore des questions ?
N’hésitez pas à les poser à vos professionnel·les de santé, qui sont les personnes les plus à même de vous renseigner et vous accompagner. Ils prendront du temps pour vous informer et vous aiguiller.
Rappelez-vous d’une chose : il n’est pas possible de prédire la façon dont va évoluer un TND. Ce qui peut vous paraître compliqué voire impossible aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain.
Même si maintenant vous sentez votre enfant en grande difficulté, il trouvera sa voie.
Vous l’accompagnerez à l’aide des professionnel·les de santé en lui permettant de grandir et s’épanouir malgré le trouble.
Le parcours est parfois difficile, mais tout sera mis en œuvre pour que ça s’arrange.
Et gardez à l’esprit que votre enfant n’est pas son trouble. Il a un trouble mais il ne l’est pas.
Alors, on évite de dire « il est dyslexique« , mais plutôt « il a une dyslexie« .
Au lieu de « il est TDAH« , on préfère « il a un TDAH« .
On change les « il est autiste« , en « il a un Trouble du Spectre Autistique« .
Il a plein de qualités (et peut-être aussi quelques défauts), mais il n’est pas un trouble.
Ca peut paraître anodin, mais les mots ont un poids 😉
Bon courage pour vos démarches.
Nathalie,
Orthophoniste
Formatrice pour les pros de la petite enfance
Responsable du groupe Parcours de l’enfant avec TND dans ma CPTS