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Astuces langage au quotidien #1 : en cuisine

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Dernière mise à jour le mai 5, 2022

Premier volet de la série Astuces langage au quotidien.

Vous le savez, parler, dire des sons, des mots et des phrases, ça s’acquiert naturellement.

Au quotidien, votre loulou entend, comprend et produit de nombreuses notions langagières.

Au fil de ses échanges, il va pouvoir élaborer un langage de qualité.

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir :

  • Un extrait de la discussion entre Florine (4 ans) et sa maman
  • Les 10 astuces langage utilisées dans cette conversation
  • Mes conseils d’orthophoniste pour favoriser le développement du langage sans se prendre la tête !

Ce matin-là…

Florine, 4 ans : Maman, j’ai faim

Maman : Ah oui, tu as un petit creux, tu veux manger ? C’est vrai que c’est bientôt l’heure du repas !

F : Oh oui !

M : D’accord, viens, on va à la cuisine. Alors qu’est-ce qu’on va bien pouvoir préparer ?

F : Un gâteau !

M : Oui si tu veux on pourra faire un gâteau, mais plus tard, pour le goûter. Tu le voudras aux pommes, au citron ou au chocolat ?

F : Au chocolat, moi j’adore ça !

M : C’est d’accord, on le fera au chocolat ! On préparera la pâte ensemble et ensuite on le mettra au four dans un moule rond pour le cuire. Attends, je vérifie… Oui, j’ai bien tous les ingrédients pour le faire, parfait !

F : Maman, là je veux manger des pâtes.

M : Des pâtes ? Oui, si tu veux mais on ne peut pas manger que ça ! Avec on cuisinera aussi des légumes et une viande ou un poisson. Alors, je regarde ce que j’ai… tu peux choisir si tu veux le légume : carotte, courgette, chou-fleur ou aubergine ?

F : Je veux bien des courgettes maman, mais avec une sauce !

M : Bien alors on va préparer des courgettes en sauce avec de la tomate et de l’oignon.
Tu veux faire avec moi ? Tiens, je te donne l’oignon, tu peux l’éplucher ? Merci ma puce !

F : Voilà maman, mais ce n’est pas facile !
Est-ce que je peux avoir un couteau pas pointu pour faire moi aussi ?

M : Tiens, voilà un couteau arrondi, avec un bout de courgette… Tu veux essayer de couper des petits morceaux ? Fais attention à ne pas te couper les doigts.
Alors, maintenant je sors une planche à découper et un couteau pour moi. D’abord, je termine d’éplucher l’oignon et je le coupe… (je pleure, saleté d’oignon). Je coupe aussi la courgette en petits dés après l’avoir rincée.


M : Ensuite je mets l’oignon dans la casserole. J’ajoute un peu d’huile d’olive, j’allume la plaque chauffante. Je remue et je fais attention qu’il n’attache pas. Je sale…

F : Oh ça sent fort ! Et mes yeux me piquent !

M : C’est à cause de l’oignon, mais tu verras, quand il sera cuit ça sera super bon. Maintenant, j’ajoute les dés de courgette pour les saisir, puis les tomates coupées. Il va falloir qu’on remue régulièrement, sinon ça va attacher ! Et après tout sera brûlé.

F : Oui, et ça sentira mauvais !

M : Oui, ça serait dommage ! Mais là, tu sens comme ça sent bon ?

F : Mmmmh, oui !
Maman ?

M : Oui ?

F : Est-ce que je peux goûter quelque chose ?

M : Mais bien sûr ! Tiens, il reste des petits carrés de tomate, tu en veux ?
Est-ce que tu veux goûter de l’oignon cru aussi ?

F : Ah ça non ! Beurk !

M : Comme tu veux !
Allez, pendant que la sauce cuit, on va faire bouillir l’eau pour les pâtes. Je choisis le même paquet que celles qu’on a mangées il y a quelques jours.
Je prépare aussi la passoire pour quand les pâtes seront prêtes.

F : Maman, moi j’aimerais bien de la viande dans la sauce.

M : Ah, oui, bonne idée ! Viens, on va chercher des steaks hachés au congélateur. Tu sais, ce sont ceux de la ferme où on est allés l’autre jour avec papa et Paul, quand on était avec tes cousins.

F : Quand on a vu les vaches ?

M : Oui, c’est ça ! Et les chèvres et aussi les tracteurs.

F : Et aussi les petits veaux bébés, et on avait mangé un burger !

M : Dis-donc tu as une bonne mémoire ! C’était bien cette journée à la ferme.
C’est presque prêt : regarde la sauce a une belle couleur !
Tu veux la goûter ?

F : Oui, maman.

M : Tiens… Tu sens, le bon goût des légumes qu’on a mis ? On va se régaler !

F : Super !

M : Allez, maintenant, on va mettre la table. Je te passe la vaisselle et toi tu installes sur la table ?

F : Non, non, attends, c’est moi qui prend les couverts.

M : Oui, vas-y pour les couverts, moi je prends les assiettes.
Alors dis-moi, combien est-ce que je dois prendre d’assiettes ?

F : Moi, maman, papa, mon petit frère. Quatre !

M : Parfait et toi, tu prendras combien de fourchettes et de couteaux ?

F : Quatre aussi !

M : Oui, quatre fourchette, mais seulement deux couteaux : juste un pour maman et papa, pas pour les enfants !

F : D’accord. Et deux cuillères : une pour moi et Paul !

M : Bravo ma puce. Je pose les assiettes à nos place, et tu places les couverts à côté ?
Qu’est-ce qu’il nous manque maintenant ?

F : Les verres !

M : Oui, super !
Tiens, je te donne le pain à mettre au milieu de la table aussi.
Allez, on termine de préparer le repas et ensuite on va chercher papa et Paul et on pourra manger !

Que fait cette super-maman du quotidien ?

Mine de rien, cette maman qui cuisine avec sa fille met en place plusieurs stratégies pour stimuler son langage.

En avez-vous trouvé quelques-unes ?

En voilà 10 !

1. Elle verbalise

La maman de Florine profite de chaque occasion, chaque geste pour verbaliser et expliquer ce qu’elle fait.

Elle utilise le vocabulaire en lien avec la situation.

Elle parle non seulement de l’instant présent, mais fait aussi des liens avec des évènements passés (« la ferme où on est allés l’autre jour ») et à venir (« on préparera la pâte ensemble et ensuite on mettra le gâteau au four »).

2. Elle fait participer son enfant à la conversation

Dès que possible, elle donne la parole à sa fille.

Elle lui demande son avis, en lui laissant la possibilité de faire des choix… quand cela s’y prête bien sûr ! (Florine ne pourra pas choisir les magnifiques verres en cristal de Baccarat pour le repas de midi…!)

Pour cela, la maman utilise :

  • des questions parfois ouvertes, dont la réponse est libre, comme « qu’est-ce qu’on va bien pouvoir préparer pour le repas ? »
  • des questions parfois fermées, avec un choix : « tu préfères un gâteau aux pommes, au citron ou au chocolat ? »

Plongeons maintenant au cœur des mots que la maman emploie…

3. Elle reprend et reformule de différentes façons pour enrichir le vocabulaire

Lorsque Florine dit : « Maman, j’ai faim »…

La maman, elle, reprend : « ah oui, tu as un petit creux, tu veux manger ? C’est vrai que c’est bientôt l’heure du repas ».

Elle permet à sa fille de développer son lexique en proposant d’autres tournures et d’autres mots.

Elle complète aussi ce que dit son enfant pour enrichir la conversation (« les steaks hachés, tu sais, ce sont ceux de la ferme où on est allés… »)

4. Elle utilise de nombreux noms… mais pas que !

Quand on parle d’enrichir le vocabulaire, les noms sont les premières notions auxquelles on pense :

  • Pomme, citron, chocolat (les saveurs pour le gâteau),
  • Courgette, carotte, chou-fleur, aubergine, tomate, oignons (petit tour des légumes),
  • steaks hachés, sauce (les aliments)
  • casserole, planche à découper, passoire, vaisselle, cuillère, couteau, fourchette, verre (les ustensiles de cuisine),
  • congélateur, plaque chauffante (matériel électroménager)…

Mais en fait, le langage est bien plus que de simples noms qu’on juxtapose.

Les verbes sont également importants pour décrire les actions, le travail des mains en cuisine : « j’épluche, je coupe, j’ajoute, je saisis, je remue, je sale, faire bouillir… ».

Mais ça va encore plus loin…

5. Notions temporelles et spatiales

Naturellement, la maman a placé de nombreuses informations temporelles et spatiales :

« Plus tard, après, maintenant, d’abord, ensuite, aussi, encore, il y a quelques jours, régulièrement… » (temporelles)

« A côté, au milieu de la table… » (spatiales)

Mine de rien, ces mots sont extrêmement importants pour structurer ce qu’on veut raconter.

De plus, ce sont des mots qu’on ne peut apprendre qu’en situation !

Ils ne s’acquièrent pas (ou peu) dans un livre ou ailleurs. Ils n’ont vraiment de sens que dans la situation vécue… Ben oui, « régulièrement », ça veut dire quoi, en fait ? Que ça revient souvent ? Mais « souvent », ça veut dire quoi ? 🙂 …

La maman structure ses actions à l’aide du langage : « d’abord je fais ceci, ensuite je fais cela », etc.

Et encore d’autres choses lui permettent d’enrichir le discours…

6. Variation des temps

Du présent bien sûr (« je fais ci et ça »)…

Mais aussi du passé et du futur (« celles qu’on a mangées il y a quelques jours ; on préparera la pâte ensemble… »)

Associées aux notions temporelles décrites précédemment, ces variations permettent à l’adulte de faire prendre conscience à l’enfant de ce qu’est le passé, le présent et le futur. Ces notions nous sont indispensables pour nous situer dans le temps.

Dans cet échange, la maman fait des liens entre ce qu’il se passe et un évènement passé ou à venir (« Viens, on va chercher des steaks hachés au congélateur. Tu sais, ce sont ceux de la ferme où on est allés l’autre jour avec papa et Paul, quand on était avec tes cousins »).

L’adulte permet alors à l’enfant de s’inscrire dans une continuité : les évènements peuvent tous avoir un rapport entre eux. Et ce sont les mots qui permettent de matérialiser ce lien.

7. La maman stimule les sens de sa fille

« Tu vois ? » « Tu veux goûter » « Ça sent bon »

Florine touche les aliments, sent, goûte, observe sa maman cuisiner et les aliments se transformer en joli repas (il se dit en coulisses qu’elle a raté de peu l’étoile au Michelin). Florine entend aussi le bruit des oignons qu’on saisit, de l’eau qui bout…

La maman met des mots sur les sensations perçues et les ressentis. Ainsi, sa fille pourra faire le lien entre la situation vécue, son ressenti et les mots utilisés pour les décrire.

8. Elle responsabilise et valorise son enfant

« Je te passe la vaisselle et toi tu l’installes sur la table »

« Tu essaies de couper des petits morceaux ? Fais attention à ne pas te couper les doigts. »

Proposer à l’enfant de participer, de coopérer est toujours un succès. Généralement, il se prête au jeu avec plaisir, ravi que son parent lui « fasse confiance ».

De plus, la maman valorise sa fille, ce qui lui permet de prendre confiance en elle dans ses actions accomplies.

Ici, la maman utilise « Parfait, bravo », mais on peut aussi employer « génial, bien joué, super, très bien, ouiiiiiiiii »… (liste non exhaustive).

9. Elle fait appel à la réflexion de son enfant

« Combien je dois prendre d’assiettes ? »

La maman offre à sa fille un temps de réflexion pour une question simple et à sa portée.

Bien sûr, elle ne demandera pas quelle quantité d’eau elle doit mettre sur la table sachant que papa boira 167 mL, maman 218 et les enfants 151 chacun…

Si Florine n’avait pas su répondre à la question, sa maman lui aurait rapidement donné la solution, le but n’étant absolument pas de la mettre en difficulté.

L’objectif est de rendre ce temps ludique et non contraignant tout en permettant à sa fille de réfléchir et prendre du recul pour analyser la situation.

10. Et tout ce qu’on ne voit pas !

Des mimiques, des expressions de visage, des regards complices, des sourires, des gestes, de la tendresse et de la bienveillance…

Toutes ces petites choses qui n’ont pas été transcrites ici mais qui font de ce moment, bien plus qu’un simple moment de cuisine.

Ou comment faire d’une pierre – cinq coups en combinant échanges, complicité, langage, cuisine et plaisir.

En résumé

J’ai souhaité faire ressortir de cet article deux informations primordiales :

Première info : le langage s’acquiert de manière spontanée dans les situations du quotidien.

Ces petits moments anodins qui permettent finalement bien plus que ce qu’on imagine.

Pas besoin de longs jeux de société rébarbatifs.

Pas besoin du dessin-animé Dora l’exploratrice qui va répéter en boucle illimitée « de quelle couleur est le ballon ? Oui, tu as trouvé, le ballon est rouge ! » à un enfant transformé en légume incapable de décrocher ses yeux de ce programme hypnotisant.

Deuxième info : le langage, c’est tellement plus qu’apprendre les noms des couleurs, des formes ou des animaux.

La société est focalisée sur l’acquisition des couleurs comme si c’était le Saint Graal de la parole.

Ben en fait, non, on s’en fiche royalement du nom des couleurs.

Ça vous arrive souvent, à vous, de rencontrer quelqu’un et de lui dire « l’herbe est verte, le camion de pompier est rouge et le citron est jaune ». Ben voilà. Si vous ne savez pas le nom des couleurs, vous pouvez quand même réussir votre vie 🙂

Et bonne nouvelle, les couleurs, ça peut s’apprendre naturellement aussi !

Donc on peut lâcher la grappe de nos loulous avec ça.

Ils gagneront en sérénité (quel stress à tout moment de subir une interro : « c’est quelle couleur ça ? » « Et ça alors ? »…) Et vous aussi vous serez bien plus cool (non, votre enfant n’est pas en retard s’il ne connaît pas le nom des couleurs, parce qu’il a tellement d’autres choses plus intéressantes à découvrir et à apprendre !)

Vous avez bien vu ici dans cet exemple concret que le langage se compose d’une diversité infinie. Ne le cloisonnons pas à quelques mots à apprendre par cœur, c’est tellement dommage !

A la place, on peut discuter, commenter, raconter, argumenter, décrire, plaisanter, s’amuser, jouer, chanter, lire, partager des bons moments et même profiter de l’instant présent en prenant plaisir à être ensemble et échanger…

Je termine en vous suggérant mon autre article sur le sujet : 15 conseils pour aider votre enfant à développer son langage

Ainsi que le livret en libre téléchargement : Bébé, dis-moi comment tu joues

Et vous, quelles astuces utilisez-vous déjà ? Lesquelles allez-vous tenter ?

En avez-vous d’autres à proposer ?

Je vous souhaite une belle journée !

A bientôt,

Nathalie

Bébé, dis-moi comment tu joues : le livret à télécharger

Favoriser les découvertes de votre enfant et ses premiers apprentissages

20 pages d'infos et de conseils concrets

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